Rencontre avec le collectif Mixeratum Ergo Sum et nos collègues de la bibliothèque des enfants de Bordeaux Mériadeck en prélude au spectacle théâtral et musical « Fontaine Party » qui sera donné mercredi 29 juin à 15h au bassin situé sur les terrasses du quartier Mériadeck à Bordeaux.
Clémentine, avec Natacha Roscio, vous avez créé un projet collectif, Mixeratum Ergo Sum, qui mixe création artistique contemporaine théâtrale et plastique. Mobilisant un réseau d’artistes, de techniciens autour vos projets, vous vous interrogez constamment sur les relations entre corps et espace et privilégient la performance, à mi-chemin entre théâtre et arts plastiques.
Comment avez-vous vécu cette période de pandémie ou le corps et la parole furent en quelque sorte « empêchés » ?
Cette période a bien entendu été compliquée pour notre corps de métiers. Le temps libre n’empêche pas la créativité, mais cela a été synonyme de beaucoup de frustration, parce que ce que l’on veut, c’est partager avec le public. De la frustration et de l’inquiétude, car aujourd’hui plus que jamais, l’incertitude fragilise encore notre travail. La pandémie nous a aussi obligées à beaucoup d’adaptabilité, et apprendre à savoir rebondir, se renouveler pour parvenir à exister. Cela oblige à proposer autre chose pour aller à la rencontre du public. Qui, globalement, nous attendait et avait hâte de nous retrouver aussi. La sortie des confinements, ça a aussi été un regain de solidarité entre professionnel-le-s su spectacle mais aussi de la part des publics.
En quoi consistera cette « fontaine party » que vous allez proposer pour la bibliothèque des enfants de Bordeaux Mériadeck dans le cadre du festival 33 TOUR ?
Il s’agit d’un temps festif et musical, une énergie un peu folle où des personnages hauts en couleurs et leurs bouées gonflables vont envahir une fontaine publique. Un souffle joyeux, avec du saxophone, du chant lyrique et des images loufoques dans une esthétique de la « Pool Party », des bouées gonflables, des serviettes de plages et l’odeur du monoï. L’idée est d’amener du « jeu » dans la vie de tous les jours. Un spectacle dans une piscine avec simplement des animaux gonflables, c’est possible, pourquoi pas ? On veut amener de la poésie dans le quotidien, surprendre les passant-e-s dans leur trajet de tous les jours pour leur permettre de s’arrêter et de rêver.
Vous aimez provoquer les rencontres, stimuler la créativité qui sommeille en chacun de nous. Cela représente-t-il quelque chose de particulier de jouer devant un public qui mêlera probablement enfants, parents, badauds ?
L’objectif c’est de proposer un évènement artistique pour tous et toutes. En famille, parce qu’on a rendez-vous ou parce qu’on se dit que, tiens, allez, on a bien 5 minutes pour s’arrêter. Chacun et chacune se saisit de ce qui lui plaît, comme il en a envie. C’est une invitation à rêver, à profiter de l’instant. Pour nous, c’est magique de se dire qu’on va rencontrer des personnes avec qui on n’a pas rendez-vous. On a tendance à croiser toujours les mêmes types de publics au théâtre. Ce type de dispositif de spectacle permet de toucher d’autres personnes et c’est une vraie richesse. Et une chance pour les artistes.
La bibliothèque des enfants de Bordeaux Mériadeck participe pour la première fois au festival 33 TOUR. Nous en sommes ravis car nous pensons que la musique et l’expression corporelle se façonnent à tous les âges de la vie.
Catherine(s), quel regard portez-vous sur cela ? Quelle importance donnez-vous à l’animation dans la vie d’une bibliothèque ?
Nos animations d’éveil musical montrent que les tout-petits se mettent à bouger, à danser dès qu’ils entendent un son ou de la musique. De même, ils sont plus captivés quand les histoires sont entrecoupées de comptines ou lorsque des instruments de musique sont utilisés. La découverte de la musique ou de la danse dès le plus jeune âge sensibilise l’enfant à ces arts au même titre que la découverte des livres.
La vie d’une bibliothèque se caractérise principalement par la mise en valeur des collections et l’accueil des usagers. Les animations en bibliothèque sont des moments permettant aussi de valoriser nos collections autrement que par des conseils ou des tables de présentation. Elles permettent aussi d’attirer un public qui ne vient pas forcément en bibliothèque. Les animations et notamment les spectacles sont des moments de rencontre entre des artistes et un public. Elles sont un moyen de s’ouvrir à des modes d’expression artistique. Elles font donc partie à part entière de la vie d’une bibliothèque et permettent de renouveler l’image de la bibliothèque, de rendre ce lieu plus vivant et plus attractif.
Comment envisagez-vous la reprise des animations musicales en bibliothèque depuis que nous sommes rentrés dans une période post-Covid ? Cette programmation parmi d’autres est-elle l’occasion de libérer les corps et la parole chez les enfants ?
Depuis toujours la bibliothèque des enfants propose principalement à son public (constitué à la fois d’adultes et d’enfants) des animations intergénérationnelles, afin que les familles trouvent à la bibliothèque un lieu d’épanouissement et de sensibilisation aux diverses expressions artistiques ensemble. Dans cette période post-covid, la programmation d’animations musicales est plus que jamais indispensable, car elle répond à un besoin de renouer avec la vie culturelle facilement, sans nécessiter de médiation.
Cette programmation permet en effet de libérer à la fois l’esprit et le corps des enfants, mais aussi de leurs parents ! Ainsi, ils peuvent partager à la fois un moment de fête, de découverte artistique et d’émotion positive, c’est essentiel !
