Découvrez la scène musicale girondine vue par les bibliothécaires musicaux !

« En musique aussi, les femmes donnent le La », une sélection musicale de la Bibliothèque de Bordeaux Mériadeck

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, l’équipe de l’espace musique célèbre la place des femmes dans la création musicale en proposant cette playlist regroupant musiciennes, compositrices et interprètes qui par leurs engagements ont apporté un souffle salutaire.

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La playlist commentée par les bibliothécaires musicaux de la bibliothèque de Bordeaux Mériadeck :

The Slits : “Instant Hit” (1979)

Les pionnières ? Les plus radicales en tout cas. Pun(kettes) jusqu’au bout des doigts – musiciennes autodidactes, féministes instinctives –, les Slits avaient pour chanteuse une véritable furie, Ari Up, 15 ans à peine, allemande par sa mère (future épouse de Johnny « Rotten » Lydon), qui faisait bien plus peur et impression que la plupart des garçons. Protégées des Pistols et de Clash, les Slits inventaient un style propre, rugueux et rageur, nourri de reggae. Haché, tranchant, décapant, leur premier album épatant, Cut, s’imposait sans réclamer le moindre égard ni la moindre faveur de la part de l’auditeur. La force des Slits était leur charme, à la fois effrayant et excitant. En un mot irrésistible.

The Raincoats : “No One’s Little Girl” (1982)

Cousines d’esprit des Slits, les Raincoats faisaient moins dans la provocation, moins dans la dissonance volontaire. Leur rock, loin des clichés de la guitare rugissante et du rythme galopant, était tout en syncope, en hésitation, en rythmique décalée. Bien plus inspirées par la pop abstraite de Robert Wyatt que la décharge sonique des Pistols, elles exploraient en douceur d’autres chants et champs musicaux. Un univers sonore un peu faux, souvent imprévisible, délicat mais engagé, d’une prodigieuse fragilité assumée qui lui donnait une intensité insoupçonnée. À leur troisième album, Moving, leur amateurisme éclairé atteignait une forme de maîtrise totalement singulière. Les Raincoats, vénérées par Kurt Cobain, n’étaient clairement les « petites fifilles de personne ».

Juliette Greco : Déshabillez-moi (1967)

Sorti en 1967 « Déshabillez-moi » reste le succès le plus rebelle de la carrière de Juliette Gréco. Car c’est bien son boycotte des grandes radios de l’époque et l’interdiction d’être interprété à la télévision qui ont bâti la légende de ce titre. Au départ destiné à la compagne strip-teaseuse de Robert Nyel – auteur du texte -, Déshabillez-moi sera récupérée par Juliette Gréco à la suite de la séparation des deux amants. Elle se réappropriera le titre en ajoutant elle-même en fin de chanson la phrase « Et vous, déshabillez-vous ! » ; reprenant ainsi le pouvoir sur le sens premier du texte.

Yelle : Je veux te voir (2006)

« Cuizinier avec ton p’tit sexe entouré de poils roux ; je n’arrive pas à croire que tu puisses croire qu’on veuille de toi ».

Ainsi débute cet hymne du « ras-le-bol » des textes misogynes chez certains rappeurs et dans le cas précis de « Je veux te voir » du groupe TTC et de son chanteur Cuizinier.

Oum Kaltoum : Al Atlal – Les ruines (1966)

La chanteuse égyptienne Oum Kaltoum, surnommée l’Astre d’Orient, fût à l’origine d’un changement de forme musicale dans le poème symphonique arabe où les émotions exprimées sont au-delà du féminin/masculin.

Ecoutez cet extrait de 1966 intitulée « El Atlaal », les Ruines en français, Oum Kaltoum nous conte la perte d’un amour, cette rupture résonnera comme une métaphore de la défaite arabe de 1967 dans tout le Moyen Orient.

« Rends-moi ma liberté, défais mes liens, j’ai tout donné, il ne me reste plus rien »

Patti Smith : Free money (1977)

Vous pensez que la vie n’a pas de sens ? Ecoutez Patti, lisez Patti et c’est re-Patti !

Précursseuse Punk, grâce « Horses » sorti en 1975, cet album tient l’univers en place, sans lui la vie même n’aurait pas de sens. Ecoutez le cultissime titre « Free money » proposé ici dans une version live énergisante de 1977.

Anne Pacéo : Nehanda (2018)

Anne Paceo rend hommage à Nehanda Nyakasikana, héroïne zimbabwéenne de la lutte contre le colonialisme. Un morceau jazz incantatoire et envoutant, avec la participation d’Ann Shirley au chant.

Oumou Sangaré : Diya Gneba (1989)

Dès son premier album en 1989, la chanteuse malienne se pose en porte-parole du féminisme, notamment avec cette chanson qui dénonce les mariages forcés. Cet extrait est emblématique des sonorités traditionnelles du Wassoulou, entre violon traditionnel, harpe et guitare basse.

Colette Magny : Les Tuileries (1965)

Reprise du poème Les tuileries, de Victor Hugo, par Colette Magny (1926 – 1997), figure essentielle de la chanson engagée et des luttes sociales.

Mylène Farmer : Beyond my control (1991)

En 1991, après avoir fédéré toute une génération avec son hymne « Désenchantée » , Mylène Farmer ne sait plus pourquoi elle se trouve du sang sur les doigts. Il semblerait que John Malkovich y soit pour quelque chose même s’il ne cesse de clamer tout du long « It’s beyond my control ! ». Liaison dangereuse que d’avoir le goût de la cavale lorsqu’on s’acoquine avec la belle mante rousse.

Brigitte Fontaine : Patriarcat (1977)

Un ovni de 6’46 signé Brigitte Fontaine en 1977 sur l’immense label Saravah. Quand le surréalisme flirte avec le féminisme (ou l’inverse), sur une rythmique proto-électronique. Chef d’œuvre.

Casey : Rêves illimités (2010)

Rappeuse écorchée vive à la plume virtuose, Casey détaille ici ses rêves illimités d’enfant noire.

Hildegard von Bingen : O virtus sapientiae (XIIème s.)

Être compositrice au 12ème siècle, mais aussi femme de lettres, savante, guérisseuse, abbesse et sainte : une figure hors du commun, engagée à plus d’un titre !