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« Les temps ont changé et c’est aux filles de décider (1965-1972) », une playlist pour (re)découvrir les collections musicales des médiathèques #4

Nous vous proposons de redécouvrir la richesse des collections musicales des médiathèques en explorant les genres et sous-genres musicaux qui les constituent. Commençons par une histoire du rock et de la pop française. 4ème épisode : « Les filles, c’est (pas) fait (que) pour faire l’amour ! (1962-1971).

La pop française féminine des années 1960 n’est pas que le reflet de la presse pour adolescent(es) dont les « idoles » seraient Sheila, Sylvie, Françoise ou France. Si elles ont eu l’honneur d’ouvrir le bal de la chanson au temps des yéyés, d’autres filles ont creusé leur sillon dans un élan beaucoup plus revendicatif.

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Quand Sylvie chante « Comme un garçon », la jeune fille qui « distribue des corrections » à l’aide de son gros ceinturon, « n’est pourtant qu’une fille quand elle est dans les bras » de son son garçon et reste « perdue quand il n’est pas là  » ! Quand Sheila parle de sortir… c’est en restant chez elle en famille ! : « La famille ça fait partie / Des p’tits soucis quotidiens / Mais pourtant c’est une vie / Qu’on aime bien’.

Au milieu des années 1960 se profile un grand basculement dans la chanson. Les filles ne sont plus cantonner à des rôles de nunuches et revendiquent leur place et leurs droit !

“Les temps ont changé et c’est aux filles de décider”, chante Evelyne Courtois alias Pussy Cat en 1966.

Ainsi, Evelyne Verrechia alias Evy, jeune chanteuse de 20 ans, chante dès 1965 « Une question qui se pose » :

« Faire la cuisine / Être un femme d’intérieur / C’est une routine / Qui me donne mal au cœur / « C’est une question /Une question qui se pose /Mais oui oui oui oui »

Annie Gautrat alias Stone sort son premier EP en 1966 et revendique que « C’est sa Vie » ! :

« L’on peut dire de moi vraiment tout ce que l’on voudra / J’ai choisi ma vie je veux être telle que je suis /Et même si les gens se rient parfois un peu de moi /Ce n’est pas pour eux mais c’est pour moi que j’ai choisi
C’est ma vie  »

Delphine Bury alias Delphine évoque dans la « Fermeture éclair » le droit de dire « Non aux garçons » ! :

Tu es de bonne famille / Et très attentionné / Pourtant je me méfie /Les garçons c’est rusé /Et je tiens ferme /L’œil sur la ferme /-ture éclair /Je sais que ça te flatte /De me voir t’arrêter /Te dire « à bas les pattes ! »
« D’un air très décidé / Et je tiens ferme / L’œil sur la ferme /-ture éclair / Car si j’aime les jeux / Qui font briller les yeux / Finis les jeux /S’ils sont dangereux »

La chanteuse Aline en 1966 fustige la bonne morale qui proscrit l’éducation sexuelle à l’école : « On m’a appris à l’école / La fameuse bataille d’Arcole / Ainsi que l’anatomie / Du corps et puis de l’esprit / J’ai appris aussi vaguement
L’histoire d’Ève et d’Adam / C’est d’accord, mais côté éducation / Relative aux relations / D’une fille et d’un garçon / Jamais la moindre allusion, non non / Aucun petit détail sur la question »…

Dans « les filles c’est fait pour faire l’amour », Charlotte Leslie pose comme condition de femme sa réussite sociale.

« Je voudrais d’abord travailler / Réussir avant de t’aimer / Oui mais toi toute la journée / Tu ne fais que me répéter / Les filles / C’est fait / Pour faire l’amour / Aaaaaaaah / Les filles / C’est fait / Pour faire l’amour /  Waaaahohaaaaan ».

A la fin des années 1960 et au début des années 1970, la libération sexuelle permet toutes les audaces et la pop française ne se prive pas !

Andréa Parisy évoque ainsi le plaisir solitaire avec « les mains qui font du bien » et  Ann Sorel nous parle d’une partie à trois dans un titre très gainsbourien, « l’amour à plusieurs ».

La pop française n’a donc pas attendu la création du Mouvement de Libération de la Femme (MLF) en 1970 pour voir les femmes imposer leur point de vue. Il est vrai que la pop n’a pas échappé à la libération des corps avec l’apparition de la mini jupe (1965), la mise sur le marché de la pilule en 1967 ont largement contribué à libérer la parole dès cette époque.

Et si finalement, la vraie raison de tout cela ne résiderait-elle pas dans le fait que ce sont nos oreilles qui se sont enfin débouchées ? En tous cas, les filles de la pop ont sont l’incarnation !

A découvrir dans nos médiathèques, les anthologies suivantes :