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« Le Slowcore ? Less is more ! » par la bibliothèque de Bègles

Retour sur un genre musical sous estimé, le Slow Core, avec Maxime de la bibliothèque de Bègles.

Fin de Millénaire : l’agitation et le bruit règnent, le mur de Berlin est tombé et un boulevard s’ouvre devant un libéralisme débridé et sans alternative, qui va balayer les quelques miettes d’illusions et d’utopies… Le cirque de l’industrie musicale à son apogée économique est vidé de toute substance, et l’essence séditieuse du rock est à retrouver… Kurt Cobain hurle, tente en vain de rallumer l’esprit adolescent, réinjecter de l’authentique subversion populaire, bruitiste et sale avant de succomber épuisé en 1994, brulé par la dépression, les addictions et ce cauchemar spectaculaire sans échappatoire…

Une bataille est clairement perdue pour le Rock et sur les cendres chaudes du grunge ou du heavy métal, une génération de groupes issus de divers horizons se pose inconsciemment comme plan B. Sans le savoir ils établissent spontanément les bases d’un genre diffus en réaction aux gesticulations d’une époque. Le Slow Core pointe le bout de son nez…

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Eliott Smith, Cat Power sur leurs premiers essais, les bien nommés Low ou Codeine débranchent ou baissent les amplis, chuchotent pour certains, ralentissent le tempo à l’extrême pour s’échapper du brouhaha ambiant, pour se faire plus discret, reviennent à l’intime, prennent le temps pour dire avec pudeur les choses importantes, futiles mais toujours personnelles. Une musique propice à l’introspection dont la radicalité passe par la lenteur. Une intuition aujourd’hui d’une évidence incroyable qui résonne un peu plus lorsqu’on écoute les aspirations de pans entiers de la société actuelle et les discours prônant la décroissance. Ils ont soupé des injonctions consuméristes où le « plus vite » et « d’avantage » ne sont jamais assez (I just can’t get enough? ).  Aux questions postmodernes vertigineuses, ils répondent en tendant vers l’immobilité et le silence pour peut-être mieux disparaître, se soustraire à un certain vide… Less is More.

En ces années 1990, le Slowcore (terme né comme une blague) exprime les réelles aspirations d’une jeune génération rincée avant l’heure, un contre-pied face à l’accélération constante d’un monde qui encore aujourd’hui cherche les modèles qui pourraient nous apaiser. Le désir de modèles où le temps et la contemplation seraient des richesses inestimables, dont il faudrait prendre le plus grand soin. Prendre le temps et tendre l’oreille.